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Jin-Young Ko, le métronome.

juillet 26, 2023 | R. Forgues

JOUEUSES

L’histoire se répète, inlassablement. Cette année encore, Jin-Young Ko se présente à Évian dans la peau d’une immense favorite. Un statut qu’elle conserve saison après saison peu importe les vents contraires et la concurrence grandissante. Pour autant, la numéro un mondiale ne s’est plus imposée en Majeur depuis The Amundi Evian Championship 2019, soit près de quatre ans, une anomalie pour une joueuse d’un tel calibre.


Retour aux sources

Bien avant de devenir la joueuse que l’on connaît aujourd’hui, la Sud-Coréenne a fait ses armes et peaufiné chacun des compartiments de son jeu sur le LPGA of Korea Tour. Un circuit moins en vue mais tout aussi concurrentiel. Il n’y a qu’à observer le classement mondial pour se rendre compte de la puissance du golf asiatique : dans le top-100 actuel, elles sont 53 à en être issues. Passée pro en 2013, à l’âge de 18 ans, la native de Séoul prend le temps de s’acclimater au plus haut-niveau avant de décrocher sa première victoire au Nefs Masterpiece en août 2014. Dès l’année suivante, Jin-Young Ko passe la seconde et envoie un message on ne peut plus clair à ses adversaires : avant de rallier les États-Unis, elle prendra tout ce qui est à prendre. D’un sang-froid presque clinique, elle multiplie les trophées et boucle 2015, 2016 et 2017 avec trois titres par saison. Emballé c’est pesé, il est l’heure de se frotter à l’élite, direction le LPGA Tour.

Fraîchement débarquée sur le circuit nord-américain, elle joue carte sur table d’entrée en remportant l’ISPS Handa Women's Australian Open. Le ton est donné, elle sera cette joueuse de classe mondiale, celle dont ses adversaires se méfient autant qu’elles l’adulent. En 2018, en plus de ses treize top-10, elle participe pour la première fois de sa carrière à chacun des cinq Majeurs, intégrant le top-30 à trois reprises. L’histoire de sa course effrénée vers l’avant ne s’arrête décidément jamais, car tout cela n’est rien par rapport à ce qui va suivre.

2019, la démonstration

Aucun cut manqué, douze top-10 pour quatre victoires dont deux Majeurs, le constat est sans appel : en 2019, Jin-Young Ko a (sur)dominé le golf féminin mondial. Une partition récitée à merveille avec à sa baguette une cheffe d’orchestre plus impériale que jamais. À peine l’année entamée, la Sud-Coréenne sublime de son talent sa discipline et s’installe sur cinq des six premiers podiums des tournois auxquels elle participe. Après sa victoire au Bank of Hope Founders Cup, elle remet ça deux semaines plus tard en s’offrant l’ANA Inspiration, son premier Majeur. Pendant que le PGA Tour se cherche encore un roi, bien que ravi de revoir Tiger enfiler la veste verte, le LPGA Tour a lui trouvé sa reine. Profitant de sa forme étincelante, Jin-Young Ko récidive à Évian au mois de juillet. La cadence infernale de la néo-vainqueure de Majeur est bien trop soutenue pour ses adversaires, qui ne peuvent que s’incliner face à la maestria de leur co-compétitrice. Avec deux coups d’avance, et les honneurs d’un public qui n’avait d’yeux que pour elle, la Sud-Coréenne inscrit un deuxième succès d’envergure à son palmarès en s’adjugeant The Amundi Evian Championship. Elle ajoutera deux semaines après un quatrième et dernier titre à son année 2019, aujourd’hui encore son œuvre la plus marquante. Un grand cru comme on en a rarement savouré.


Quatre ans de disette

Lorsqu’on gagne une grande compétition internationale, on se doit de l’apprécier à sa juste valeur, tous les meilleurs athlètes de l’histoire vous le diront. C’est d’autant plus vrai au golf où votre seule performance sportive n’est qu’un facteur parmi tant d’autres dans la quête du succès. Tout cela, exit Rory McIlroy, Jin-Young Ko le sait probablement mieux que personne. La Sud-Coréenne désormais âgée de 27 ans n’a plus soulevé de trophée Majeur depuis quatre ans, soit une éternité pour une joueuse dont les dernières parties du dimanche sont devenues monnaie courante. Rendez-vous compte : depuis sa victoire évianaise en 2019, elle a disputé quatorze Majeurs et réalisé sept top-10. Une statistique vertigineuse dont on s’excuserait presque quand on sait qu’aucun d’entre eux ne lui a permis de s’offrir un troisième tournoi du Grand Chelem. Et pour l’ensemble de sa carrière, pour tout ce qu’elle représente comme pour tous ses fans à travers le monde, on espère la revoir s’imposer en Majeur. Au diable ce brin de réussite qui lui manque depuis tant d’années, il est temps de remettre les pendules à l’heure.

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