Céline Boutier, retour en terre conquise
juillet 02, 2024 | R. Forgues
COMPETITION
Pour la première fois de sa carrière, Céline Boutier prendra le départ d’un Majeur en tant que tenante du titre. Ce costume, aussi prestigieux et flatteur soit-il, n’a rien de confortable compte tenu des enjeux qu’il représente. À Évian comme ailleurs, se voir décerner le statut de favorite, avant même d’avoir planté son tee au départ du 1, confère d’office au premier tour une saveur spéciale. C’est le défi auquel se sont essayées les plus grandes championnes du golf féminin mondial, dont Céline Boutier fait aujourd’hui partie. Avant d’aller défendre les couleurs de la France aux Jeux Olympiques de Paris 2024, la voilà dès cette semaine devant son public prête à se battre pour ce drapeau bleu-blanc-rouge. The Amundi Evian Championship 2024 est le premier acte de la mission Boutier en Hexagone. L’adrénaline à son paroxysme, la tâche ne sera pas simple, mais plus rien ne semble faire peur à la 6ème joueuse mondiale.
On l’avait quittée sur des larmes de joie. Ce dimanche 30 juillet 2023, il était écrit que rien ne lui résisterait. Grâce à une dernière carte de 68(-3), elle écrivait la plus belle ligne de son palmarès en s’imposant, avec six coups d’avance, dans le Majeur phare des golfeuses tricolores. Cette victoire, sa deuxième de la saison 2023, venait cristalliser toute la discipline et la rigueur qui l’ont toujours caractérisée. Un succès qui allait devenir la tête de gondole de la meilleure année de sa carrière, marquée par huit top-10 dont quatre trophées sur le LPGA Tour. En effet, une fois The Amundi Evian Championship dans la poche, l’ancienne joueuse du Paris Country Club est repartie de plus belle. À nouveau vainqueure au Women's Scottish Open la semaine suivante, elle remettra le couvert au Maybank Championship fin octobre, avant de clôturer son année 2023 à la troisième place mondiale (derrière Lilia Vu et Ruoning Yin).
Exit la saison de tous les records, il fallait repartir au combat pour relever les défis qui l’attendaient en 2024. En points d’orgue, la remise en jeu de sa couronne à Évian puis les Jeux Olympiques à domicile. Les premières semaines de l’année sont de bonne facture, Boutier signe trois top-16 en quatre épreuves, dont une très belle seconde place au HSBC Women's World Championship. Elle disputera par la suite huit tournois sur le LPGA Tour, dont le seul top-20 obtenu lors du JM Eagle LA Championship fin avril (13ème place) reflète un état de forme en dents de scie. Comme dans tous les sports individuels, les aléas du jeu et la concurrence dans l’élite mettent systématiquement les joueurs et joueuses face à leur propre réalité. Une fois qu’on a dit ça, pour mettre la force de caractère de Boutier à l’épreuve, il faut se lever de bonne heure.
Au dernier KPMG Women's PGA Championship, la native de Clamart s’est montrée sous un meilleur profil. Le Sahalee Country Club (Sammamish, USA) recevait le troisième volet du Grand Chelem de golf féminin. Un parcours sur lequel la 6ème joueuse mondiale a été rassurante, avant de venir défendre son titre en Haute-Savoie. Avec quatre bonnes cartes de 70/73/75/72, pour un total de deux coups au dessus du par, Boutier s’est hissée à la 19ème place du leaderboard. Son cinquième top-20 de l’année 2024, la revoilà sur de bons rails.
Il est désormais l’heure pour Céline Boutier de relever le défi ultime d’une sportive de très haut-niveau : rester au sommet. Les athlètes les plus décorés de l’histoire du sport le disent tous, le plus dur n’est pas d’y arriver mais de s’y maintenir. Alors, quand il faut s’atteler à un tel combat, on réunit toutes ses forces et on s’y engage pleinement. C’est précisément à ce moment-là de l’histoire que le soutien du public français intervient. Nombreux seront les fans qui n’auront d’yeux que pour elle, Boutier en a conscience et se nourrit aujourd’hui de cette ferveur populaire pour performer. Elle était l’année dernière la nouvelle étoile d’Évian, reste désormais à savoir si elle brillera aussi fort cette saison. Les Français en rêvent, elle aussi sans doute, mais peu importe son résultat 2024, sa présence dans cette constellation mérite déjà d’être célébrée.